L’inexistante preuve de la mort d’Amado Carrillo Fuentes, ainsi que le succès retentissant de la deuxième saison d’El Senor de Los Cielos
[2], série télévisée qui porte le surnom du fameux trafiquant de stupéfiants et dont l’action débute la nuit du 3 juillet 1997, date officielle du décès présumé du jeune seigneur du Cartel de Juarez, ouvre grand la porte aux hypothèses quant au destin du seigneur des cieux.
Cette dramatisation de la vie d’Amado Carrillo choque du moment que l’on s’attache au caractère central de la série. Si une intention de dédiabolisation, ce dont je doute fort à vrai dire, a motivé la Production, elle a certainement porté ses fruits. Son énorme flotte d’avions destinée à transporter la drogue aux Etats Unis devient sa planque d’amant infidèle et vigoureux et l’on fini par oublier qu’il est finalement, au regard du droit et de la justice, un criminel qui a amassé, dans le sang, une fortune de plus de 25 milliards de dollars.
De plus, et à l’instar de toutes les productions du septième art, mais peut-être point dans la même perspective, la substance est vulgarisée. La cocaïne est présentée dans des récipients d’argent, les femmes défilent en lingerie fine, les millions de dollars, en espèce, sont transportés dans des berlines, et le monde évolue au rythme de coups de feu. Cette plongée dans le monde des narcotiques simplifie à nos yeux l’usage de la drogue et, à la limite, glamourise l’addiction et la mort.
Aujourd’hui encore, le seul nom de cet homme fait trembler l’Amérique latine. Les plaies causées par le seigneur des cieux saignent toujours.
D’autre part, pour nous pencher sur la drogue en tant que telle, abstraction faite des empires et des passions, elle est, quelle qu’elle soit, une substance susceptible d’altérer une ou plusieurs activités neuronales, causant une liquéfaction du cerveau. L’intoxiqué est transporté dans un état second où il perd tout lien avec la réalité. La substance crée pour lui un monde différent où toute souffrance disparait et où il a l’illusion d’être maitre.
C’est à ce niveau, au cœur d’une région envahie par l’extrémisme religieux et par l’idéologie de l’exaltation du martyr, que les paroles du théoricien révolutionnaire allemand s’imposent.
La religion est l’opium du peupl [3]. Effectivement, dans les temps de famine, de misère, de privations, de détresse, où toute chance d’un meilleur lendemain a disparue, l’homme trouve refuge dans l’havre des interprétations des textes religieux.
C’est dans ce bonheur illusoire que les hommes perdent le sens de la réalité. En Irak, les promesses illusoires de ceux qui se font passer pour des juristes de l’Islam, rongent la société. Le sang des innocents colore aujourd’hui les eaux du Tigre et de l’Euphrate. Les cadavres s’entassent et la mort perd de son sens. Et ce monde sanguinaire et en deuil apparait, dans les illusions de grandeur de ces éthéromanes de religion, une perfection recommandée par le Seigneur des Cieux.
Note supplémentaire:
Il est possible de suivre la série El señor de los cielos (I et II) sur la toile. Voici un lien direct:
http://paralocos.net/category/multimedia/series/el-senor-de-los-cielos/
Pour ceux qui sont intéressés par la question de la production ou du trafic des stupéfiants en Amérique Latine durant les deux dernières décennies du siècle dernier, voici quelques liens directs vers des documentaires sur Amado Carrillo et Pablo Escobar:
https://www.youtube.com/watch?v=lDI2dM1olW0
https://www.youtube.com/watch?v=RMsj-LzRfCs
https://www.youtube.com/watch?v=GRfpBl615PA
Le lien suivant est celui d’une traduction de l’Introduction à la contribution à la Critique de la philosophie du droit de Hegel:
https://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm
