L’Emile, aux oubliettes. Rousseau, envoyez-le aux fers. Avec le vent printanier qui souffle sur la région, de nouvelles normes éducatives émergent des ruines. Les exemples prolifèrent. Le tout dernier a fait le tour de la toile et les choux gras de notre scandaleuse presse locale qui, tout naturellement, a profité du malheur de l’enfant battu pour concocter des reportages truffés d’émotions fortes, de larmes et de sensationnalisme. La merde quoi !
C’est par ailleurs cet esprit compétitif et suffisant des médias qui plonge notre société dans cette culture de grotesque et d’ignorance.
La vidéo montre un enfant, l’Abbas, armé d’un bâton en bois, battant un autre, apparemment de nationalité syrienne, encouragé par une bande d’adultes dont nous entendons les voix provenir de l’arrière plan. Il nous semble que l’un d’eux, dans un accès de fierté – arrogance quand tu nous tiens – a filmé ce bon petit Abbas et publié la vidéo.
Abstraction faite de l’enfant battu auquel je ferais référence par « l’esclave », un être silencieux et malheureux comme les pierres, accablé dans sa solitude par la sauvagerie de ces répliques fades et incandescente des dieux disparus, la véritable victime est l’Abbas.
Au cœur de son enfance, l’Abbas est piégé dans le giron de sa cellule politique la plus primaire. Il devient, sur les acclamations et les vociférations de sa propre famille, le héro infâme d’une scène abjecte.
La misère, immortalisée par les images de vieillards aux visages émaciés et des enfants crasseux, est l’un des piliers de la culture arabe de victimisation développée ardemment par nos philosophes de l’auto dégradation.
Maltraitant le jeune esclave, l’Abbas s’imagine dans son droit. Sa famille démente l’encourage. La voix masculine profère des menaces à l’encontre de l’esclave. La frêle distinction entre le bien et le mal s’efface d’elle-même devant cette aberration.
Dans leur délire, ils oublient qu’au sein de l’absurde-même, la folie ne fait pas le droit. Né libre, l’Abbas est pris dans les fers du fanatisme et de la sauvagerie de sa famille, de ce male et de cette femelle qui lui ont donné le jour.
Durant des années, l’enfant à la pierre a symbolisé l’injustice impunie de ce bas-monde. Son héroïsme a brillé par sa misère, son souvenir a marqué des générations procréées à l’ombre de l’occupation.
Aujourd’hui, c’est l’enfant à la verge qui se dresse devant nous, symbole de cette civilisation exécrable, preuve de l’abomination odieuse des temps. L’Abbas, à l’instar de tant d’autres, n’a compris la virilité que par la baguette et la braguette.
Ce n’est pas un bâton qu’il brandit, mais un spectre, emblème d’un pouvoir inexistant et précurseur du jugement dernier.