En toute magnanimité, en toute sincérité et transparence, en prenant Dieu et les Hommes pour témoins, je présente, en mon nom et au nom des générations de résistants, fussent-ils martyrs ou en vie, des excuses profondes, sincères et complètes, pour toute blessure, tout mal, toute perte, tout tort inutiles et inexcusables, que nous avons causés en effectuant nos obligations patriotiques durant la période de la guerre aujourd’hui révolue.
Le géant svelte prend la parole. C’est un homme libre qui se dresse devant la foule, un homme qui a compris la liberté au-delà des fers. C’est un homme qui, dans les fers-mêmes, dans l’obscurité et la solitude, a connu la liberté. En toute sincérité, il embrasse son passé, libre de choisir ses remords.
Le rebelle chauve, en costume noir et cravate anthracite parle de la guerre et de ses blessures, des injustices et des obligations patriotiques. Et qui de mieux que ce résistant des temps de guerre et des temps de paix pour rouvrir la déchirure libanaise pour mieux la refermer.
Un spectateur non averti penserait que les excuses de cet homme ont tardé de près de deux décennies, deux décennies de paix, d’institutions, d’indépendance et de liberté. Les images de la république épanouie et sophistiquée semblent incompatibles avec la rudesse de cet ancien seigneur de la guerre, aussi incompatibles que le mensonge et la vérité, que l’illusion et la réalité.
Le fossé entre ces deux mondes creusés par ces martyrs qui s’excusent d’un paradis qui leur est du et auxquels Maximus prête sa voix marque la frontière entre deux Etats, et deux conceptions de ces deux Etats, de l’unicité de la voie et du destin.
La foule silencieusement respectueuse écoute son lider maximo et s’enflamme en liesse lorsqu’il écrit l’histoire en admettant les erreurs du passé et réitérant qu’en fin de compte, il n’a recherché dans la guerre ni la gloire, ni le triomphe, ni la conquete, mais simplement la survie dans un monde marqué par les imperfections humaines.
Maximus! Maximus! Maximus!
La foule le réclame…
Maximus!
Le général qui est devenu un esclave…
Maximus!
L’esclave qui est devenu un gladiateur…
Maximus!
Le gladiateur qui a défié un empereur …
Maximus!
Ou, tout simplement, l’homme dans nudité originelle, l’homme dans toute son humanité, loin des mythes et des légendes, dans les sous-sols froids du ministère de la défense, l’homme qui connu le nectar en buvant du vin des mortels.
Mes sincères condoléances à cet homme, le seul, qui, dans l’homme, a porté les séquelles d’un passé macabres et les promesses d’un lendemain resplendissant.
